Design graphique : Encore un studio

Un cerveau sans forme, un corps indistinct

Dans les espaces du collectif Forte Ressemblance à la Tour Orion, en juin 2023.

Exposition collective pensée à cinq, avec des pièces de Clara muel, Aziliz Le Boubennec et Constance de Raucourt, une scénographie de Marie Deloffre et Adèle Pavia et une pièce sonore de Toco Vervisch.

Cette phrase est librement inspirée d'un extrait du livre La vie de la cellule a l'homme de Max de Ceccaty traitant de la naissance et de la complexité du vivant. Des images de vues microscopiques quasi abstraites et autres schémas viennent illustrer les fascinants modes de fonctionnement du vivant. En simples lecteur•ices, il est difficile à l'échelle des cellules et de la moelle de s'accrocher à des formes reconnaissables ou même familières.

Dénuée de contexte, chaque image peut être sujette à ré-interprétation, intégrée dons un scénario choisi sur mesure. C'est aussi au coeur de la matière que se situe le travail d'Aziliz Le Boubennec, Constance De Raucourt et Clara Muel. Elles sculptent la matière simple et brute dans un plaisir du geste, de la forme et de l'assemblage. S'en dégagent des objets hybrides, évocateurs et mystérieux, toujours en dialogue avec nos sens. Certaines pièces convoquent même directement le vivant par l'usage de matériaux à son origine, comme les spores ou les bactéries.

Comme l'imagerie d'un univers imperceptible à nos yeux, les objets présentés ici se situent dans l'interstice entre l'habituel et l'inconnu. Par analogie, on pourrait se projeter dans des fonctions ou des usages: organes, parures, reliques ou appendices, comment interagissent ces éléments? Quel est leur rôle? Les entremêler donne naissance à de nouvelles pistes d'interprétation ou au contraire, en brouillent la lecture. Pensés au départ indépendamment, chaque objet se retrouve à faire partie d'un même système, dépeignant un organisme probable bien que partiellement défini.

Ciment de cet être non identifié, la scénographie, pensée par Marie Deloffre et Adèle Pavia, vient renforcer les liens unissant les objets en les mettant en relation physiquement. La pièce sonore de Toco Vervisch active davantage les sens, englobe cet organisme et en suggére le mouvement. Comme un cerveau qui pense ou une peau qui suinte, les formes se font actrices d'une pièce de théâtre presque immobile ou l'action n'existe que dans les associations produites par l'imaginaire.

Crédit photos : Marie Deloffre